revue de textes aurignaciens

"Les plus anciennes occupations aurignaciennes des Cantabres et de la Catalogne (Castillo, L'Arbreda, Abric Romani) se situent entre 38 et 43 ka (Bischoff et al.,1989 ; Cabrera Valdes and Bischoff,1989) et dans les Balkans, l’industrie de la couche 11 de Bacho Kiro (Bachokirien) , que J.Koslowski (1982) considère comme une industrie à caractère “aurignacoïde ”, a été dotée d ’un âge de cet ordre. De même, les industries aurignaciennes de Willendorf I et II, Geissenklosterle, Trou Magrite et Fumane (Broglio et Improta,1995) ont été datées antérieurement à 35 ka.

À l'exception de V.Cabrera Valdés et F.Bernaldo de Quirós (1993) qui donnent une origine locale à l'Aurignacien du Castillo, dans presque tous les scénarios proposés, l’Aurignacien occupe une position intrusive dans les séquences locales. L’Aurignacien catalan et notamment celui de l’Arbreda 1 présente des caractères typologiques et technologiques aurignaciens extrêmement proches de ceux de l’Aurignacien aquitain pris dans toute sa variabilité. Mais le caractère accompli de cette industrie ne permet pas de la considérer comme un Aurignacien particulièrement archaïque et incite donc à poser la question de son origine. Or à cet égard, nous devons constater l’absence jusqu’à ce jour à l’ouest des Alpes, d’industries plus anciennes qui pourraient être à son origine. D’autre part, l’hypothèse d’un foyer nord-africain proposée par Straus et al.(1993) se heurte, pour être acceptée, à deux objections qui sont d’une part le franchissement du détroit de Gibraltar pour lequel nous n’avons pas d’évidences sérieuses au cours des 100 derniers millénaires et d’autre part l’absence totale en Afrique maghrébine d’industries ayant des caractères technologiques ou typologiques permettant de les considérer comme de possibles origines à un Aurignacien.

Pouvons-nous proposer une origine européenne orientale à l’Aurignacien archaïque ?
L’industrie de la couche 11 de Bacho Kiro qui a été maintes fois présentée comme un candidat possible à l’origine des techno-complexes aurignaciens (Koslowski,1979,1982) ne présente pas à mon avis les caractères “aurignacoïdes” prétendus. Au cours de l’étude de cette collection 2 nous avons pu en effet noter l’absence sur les lames retouchées d’une véritable retouche aurignacienne (écailleuse, scalariforme telle qu’elle a été définie par Sonneville-Bordes et Perrot), l’absence de véritables grattoirs carénés à front épais en carène renversée et à enlèvements lamellaires et l’absence de véritables lamelles Dufour ainsi que l’absence de la chaîne opératoire destinée à produire celles-ci à partir de grattoirs carénés (Lucas,1997). Pour ces raisons, le caractère “aurignacoïde” de l’industrie de la couche 11 de Bacho Kiro ne peut être retenu et ce techno-complexe ne peut donc jouer le rôle précurseur que voulait lui donner J. Koslovski. De plus, en raison des risques de confusion ou d’assimilation hâtive qu’il peut entraîner (Delporte, 1998, p.108), l’usage du terme “aurignacoïde” — même en lui donnant une connotation régionale — devrait être évité pour désigner un ensemble archéologique qui ne présente aucun des caractères typologiques et technologiques définissant la culture aurignacienne européenne. L ’industrie lithique de la couche 11 de Bacho Kiro demeure toutefois une industrie très nettement leptolithique qui n’est pas sans affinités avec le Paléolithique supérieur initial du Proche Orient."

Jean-Philippe Rigaud, in "Les premiers Hommes modernes de la péninsule ibérique". ACTES DU COLLOQUE DE LA COMMISSION VIII DE L’UISPP
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"... Le plus ancien Aurignacien dont les traces s'observent dans les Balkans et sur l'axe danubien date du début de l'Interpléniglaciaire ; il possède des industries plus laminaires et bien leptolithisées. A Bacho Kiro, couche 11, les dents d'un Homo sapiens, de type archaïque, en sont le seul document anthropologique. Il est probable que cet ancien Aurignacien balkano-danubien soit à l'origine de l'Aurignacien classique occidental. Ses voies de pénétration sont à rechercher soit par le Danube vers le Centre-Est et la France, soit par le littoral méditerranéen jusqu'à la province aquitaine..."

R. Desbrosse, J. Kozlowski, Hommes et Climats à l'âge du mammouth, MASSON, 1988, p. 116
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"Des dents percées de renard et de loup ont été découverts sur le site de Bacho Kiro en Bulgarie où ils datent de plus de 43 000 ans."

Randall White in Athena Review, Vol.2, no.4 (pp.41-46). 2001
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"C'est en Bulgarie, à Bacho Kiro (niveau 11) que les premières traces de l'homme moderne européen sont retrouvées. Ces hommes sont alors porteurs d'une industrie novatrice, purement de type Paléolithique supérieur : l'Aurignacien. L'Europe centrale va alors connaître une diffusion de cette population et de cette culture à partir de cette localité..."

www.paleolithique.org (site internet du Musée départemental de Préhistoire du Pas-de-Calais)

"En Bulgarie, à Bacho Kiro, l'association de restes humains avec l'industrie lithique est clairement établie et ceci pour une période allant de plus de 43 000 ans BP (niveau 11) à plus de 31 000 ans BP (niveau 6b). L'essentiel des restes humains retrouvés sont représentés par des dents, avec, parfois, des supports osseux, auxquels peut s'ajouter un petit fragment de pariétal (Hublin, 1990). Bien qu'une molaire retrouvée dans le niveau 11 montre un étirement mésio-vestibulaire de la couronne, fréquent -mais non exclusif- chez les Néandertaliens, ces restes sont attribués à l'homme moderne, bien qu'archaïque (Desbrosse, Koslowski, 1988, Stringer, Gamble, 1993). Cependant cette attribution n'est pas sûre à 100%. Si bien que l'identité des premiers Aurignaciens reste encore à découvrir, mais tout porte à croire qu'il s'agissait d'hommes modernes. Pour les détracteurs de cette hypothèse, l'existence de Néandertaliens caractérisés associés à une industrie aurignacienne reste entièrement à démontrer (Hublin, 1990). Le gisement aurignacien ancien d'Istallöskös a, lui, livré quelques dents isolées qui n'autorisent aucune déduction d'ordre taxonomique."
ibid.

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