L'Aurignacien a livré un petit fragment de pariétal et des dents qui présentent des ressemblances avec celles des Néandertaliens.

extrait de : Kozlowski J. K., Ginter B. et al. (1982) : "Excavation in the Bacho Kiro Cave (Bulgaria). Final Report". Panstwowe wy Dawnictwo naukowe, Warszawa [cité par Henri Delporte, "Les Aurignaciens, premiers hommes modernes", La maison des roches, Paris 1998]

Le niveau 11 se situe entre 354 et 380 cm de profondeur et englobe une sous-unité IV qui se trouve à 375-380 cm. Un charbon de bois trouvé au sommet du niveau 11 (à 356-357 cm de profondeur) a été daté à plus de 43 000 BP par radiocarbone conventionnel (Mook, 1982). La méthode 14C-AMS a donné d'autres dates plus récentes pour le niveau 11, aux alentours de 38-39 000 BP (Hedges et al. 1994).

C'est au sein de la sous-unité IV que fut découvert le premier et stratigraphiquement le plus vieux fossile humain : un fragment de corps mandibulaire gauche avec une première dent lactéale. Les artéfacts 'Bachokiriens' sont associés à cet os.

Au total, huit fossiles humains furent mis au jour dans quatre niveaux stratigraphiques de Bacho Kiro. En plus du fragment de mandibule du niveau 11-IV, six autres spécimens humains (une autre mandibule fragmentaire, un fragment de pariétal et quatre dents isolées) furent découverts dans les niveaux stratigraphiques supérieurs (donc plus jeunes) 6a, 6b et 7, qui ont été datés par 14C aux environs de 29-33 000 BP et attribués à l"Aurignacien" (une autre dent isolée est de provenance inconnue).

Tout cela est discuté en détails (avec références à la littérature originale) dans :

Churchill, S.E. & Smith, F.H. (2000). Makers of the Early Aurignacian of Europe. Yearbook of Physical Anthropology 43 : 61-115. [Les restes humains de Bacho Kiro figurent pages 82-87 et dans le Tableau 3 (p. 83).]

Daryl Habel
Editorial Advisory Committee
PALANTH

En réponse à ma question : "Y a-t-il des Hommes modernes de culture aurignacienne à Bacho Kiro?", Daryl Habel est tenté de répondre par un "oui" hésitant, mais seulement pour les fossiles des niveaux 6a, 6b et 7. Quant aux ossements les plus anciens (le fragment de mandibule et sa molaire de lait), ceux que cite Mellars dans son article de Nature, leur identification taxonomique demeure selon Daryl Habel aussi controversée que celle des artéfacts qui leur sont associés.

Traduction : Thierry Koltes

En Bulgarie, à Bacho Kiro, l'association de restes humains avec l'industrie lithique est clairement établie et ceci pour une période allant de plus de 43 000 ans BP (niveau 11) à plus de 31 000 ans BP (niveau 6b). L'essentiel des restes humains retrouvés sont représentés par des dents, avec, parfois, des supports osseux, auxquels peut s'ajouter un petit fragment de pariétal (Hublin, 1990). Bien qu'une molaire retrouvée dans le niveau 11 montre un étirement mésio-vestibulaire de la couronne, fréquent -mais non exclusif- chez les Néandertaliens, ces restes sont attribués à l'homme moderne, bien qu'archaïque (Desbrosse, Koslowski, 1988, Stringer, Gamble, 1993). Cependant cette attribution n'est pas sûre à 100%. Si bien que l'identité des premiers Aurignaciens reste encore à découvrir, mais tout porte à croire qu'il s'agissait d'hommes modernes. Pour les détracteurs de cette hypothèse, l'existence de Néandertaliens caractérisés associés à une industrie aurignacienne reste entièrement à démontrer (Hublin, 1990).

extrait du site web paleolithique.org

HUBLIN J.J. (1990) : Les peuplements paléolithiques de l'Europe : un point de vue paléobiogéographique. Actes du Colloque International de Nemours, 1988 : Paléolithique moyen récent et paléolithique supérieur ancien en Europe. Ruptures et transitions : examen critique des documents archéologiques, Mémoires du Musée de Préhistoire d'Ile-de-France, 3, Ed. A.P.R.A.I.F., Nemours, pp. 29-37, 2 fig.

DESBROSSE R, KOSLOWSKI J. (1988) : Hommes et Climats à l'âge du Mammouth, le Paléolithique supérieur d'Eurasie centrale. Coll. Préhistoire, Masson, Paris, 144 p., 41 fig.

STRINGLER C, GAMBLE C. (1993) : In search of neanderthals. Solving the puzzle of the human origins. Ed. Thames and Hudson, British Library, 247 p., 183 ill