Courbe des variations climatiques
 H
 L
 T
réchauffement d'Hengelo = Les Cottés = Gootweig = Gratchdanski = interstade Würm 2 / 3
interstade de Lascaux
Tardiglaciaire
 W
Würm

Les réchauffements du climat (appelés interglaciaires et interstades) sont ici représentés par des oscillations vers le haut et sont notés en rouge, sauf le plus chaud en orange, alors que les glaciations (zones bleues) dessinent des chutes de la courbe. Les dénominations traditionnelles (glaciations Riss et Würm divisée en Würm I, Würm II, Würm III et Würm IV ; période interglaciaire Riss / Würm et interstades Würm 1 /2, Würm 2 / 3 et Würm 3 / 4) ont tendance à être remplacées par le découpage en stades isotopiques (impairs pour les stades chauds, pairs pour les stades froids). Se rajoutent des appellations courantes telles que Premier Pléniglaciaire (pour le stade isotopique 4 = épisode froid de Cherstikhino), Premier interpléniglaciaire, Second Pléniglaciaire (ou Maximum glaciaire), Tardiglaciaire ( = Würm IV) et Postglaciaire (après le dernier Dryas du Würm IV).

L'épisode récent (= final) du Pléistocène moyen se déroule pendant la phase très froide de la glaciation de Riss ( = Saale), entre 300 000 et 120 000 ans. Il correspond aux stades isotopiques 7 et 6. Le niveau de la mer est bas, la Manche est émergée. Le paysage est souvent steppique avec de rares pins sylvestres. Pendant les rémissions (phases chaudes) la forêt clairsemée se développe. Le Pléistocène moyen s'achève au début du grand et long réchauffement de l'interglaciaire Riss / Würm ( = Éémien = Mikulino) qui correspond au stade isotopique 5e appartenant déjà au Pléistocène supérieur.

Le climat qui se refroidit vers 110 000 BP marque le début de la glaciation de Würm (= Weichsel=Valdaï). Quelques oscillations tempérées brèves (Amersfoot, Brörup, Odderade) sont nommées interstade Würm 1/2, mais le climat s'aggrave progressivement jusqu'au froid sec et rigoureux du premier Pléniglaciaire (70 000 à 60 000 ou 55 000 BP). L'inlandsis atteint la Tamise et Düsseldorf et recouvre la grande plaine polonaise.

A partir de 50 000 BP environ, l'inlandsis se retire : c'est le début du premier interpléniglaciaire. Les oscillations se multiplient, d'abord tempérées puis de plus en plus froides. Entre 45 000 et 38 000 BP, le réchauffement d'Hengelo est long et marqué. Après un bref refroidissement signant le début du Würm 3, les oscillations tempérées se poursuivent, séparées par des pointes de froid.

A partir de 22 000 BP, le froid s'accentue, de plus en plus sec et rigoureux jusque vers 18 000 où il cesse. L'inlandsis avance sur l'Europe durant ce maximum glaciaire, et repousse les hommes dans les vallées encaissées. Cette période terrible pour toute la planète n'est pas uniforme, mais faite d'oscillations dont certaines radoucies (Tursac ; Laugerie = Würm 3/4) et locales.

"En bordure des masses glaciaires – et par exemple sur le territoire correspondant à la France actuelle – s'étendaient des zones de toundra et de sols gelés (pergélisols) similaires à ceux que l'on rencontre de nos jours en Russie et au Canada ; les températures étaient environ 10° plus froide qu’aujourd’hui. D'une façon générale, les zones de végétation s'étaient déplacées d'environ 2 000 km vers le Sud. Toundra et taïga étaient les principales formes de végétation. Sur les pergélisols vivait une faune de région froide (rennes, mammouths…).

Dans les zones tropicales, le refroidissement était moins marqué, 2° à 6° seulement. Le régime des pluies fut cependant très affecté : les déserts étaient plus importants qu’aujourd’hui, les pluies de mousson étaient plus faibles en Inde et la forêt amazonienne occupait une portion plus réduite." (É. G.)

Le Tardiglaciaire (17 000 BP - 11 800 BP) est la dernière époque du Pléistocène supérieur :

"À partir de 18 000 BP, les calottes glaciaires soumises à un ensoleillement un peu plus intense se sont mises à fondre. Alors qu’il avait fallu plusieurs dizaines de milliers d’années pour former ces inlandsis, il fallut seulement quelques milliers d’années pour faire fondre les millions de km3 de glace accumulés."

Le froid s'atténue progressivement et sensiblement au point que la steppe laisse la place à des forêts clairsemées avec arbres feuillus. L'interstade de Lascaux marque le début du Würm 4 et du Tardiglaciaire qui s'achève avec le début du réchauffement d'Allerød. Le Tardiglaciaire correspond à un radoucissement entrecoupé de brefs retours du froid sec (les Dryas ancien, moyen et récent).

"Dans un premier temps, pendant le Dryas ancien, la fonte est assez lente. Entre 18 000 et 13 000 BP, on passe d’un niveau marin de -120 m à -100m. Le climat reste de type glaciaire et la végétation steppique."

Les dernières oscillations du Tardiglaciaire sont humide et douce (Bølling, 13 300 à 12 300), froide (Dryas moyen), chaude (Allerød, à partir de 11 800) et froide (Dryas récent, le dernier épisode froid, de 10 800 à 9 800 BP), puis débute le Postglaciaire (= Holocène).

La plupart des auteurs achèvent le Pléistocène avec le Dryas moyen, et font donc débuter l'Holocène avec l'Allerød. Quelques chercheurs prolongent cependant le Pléistocène jusqu'à la fin du Dryas récent : "L'Allerød fait partie du Tardiglaciaire et donc de l'extrême fin du Pléistocène."

"Vers 12 500 BP, le processus [de fonte des glaces] s’accélère (...). En moins de 1000 ans, vers 12 500/12 000 BP, les calottes glaciaires remontent jusque vers l’Islande (...). Le réchauffement atteint un taux moyen de 4° par siècle et le niveau marin remonte de 28 m. C’est le Bølling. Cette hausse des températures profite d’abord aux arbustes pionniers puis aux forêts de bouleaux : elle est marquée par une extension des forêts de bouleaux et de genévriers.

(...) Une première détérioration climatique intervient vers 12000 BP (ou 14 208 cal. BP) ; c’est l’oscillation d’Aagelsee.

Le Dryas moyen est caractérisé par un nouveau refroidissement centré sur 13 900 cal. BP et un retour des plantes herbacées steppiques. Sa durée n’excède pas 150 ans.

Au cours de la période suivante, l'Allerød, les forêts de pins se développent de manière importante.

Au Dryas récent, le froid fait un brusque retour. (...) Depuis cinq mille ans environ l’augmentation de l’insolation d’été dans l’hémisphère nord entraîne le réchauffement du climat. Vers 11 000 BP, sans que l’on puisse en déterminer exactement les causes, ce réchauffement déjà ralenti au cours de l’Allerød s’interrompt brutalement, provoquant le retour de conditions glaciaires. Cet événement, d’une durée approximative de 1300 ans (entre 12 890 cal. BP et 11 650 cal. BP), a touché l’ensemble du globe. Les minima des mois les plus froids, en Europe, atteignaient -20°C à -30°C ; en été, ils étaient compris entre -8°C et -1°C. Les maxima atteignaient 10°C. Au terme de cette phase, le retour à des conditions plus clémentes s’effectua rapidement ; en moins d’un demi-siècle, le climat peut basculer d’un équilibre à un autre."

L'Holocène

"L'Holocène (ou, selon l'ancienne formule un peu désuette, le Postglaciaire) commence vers 10 000 B.P. (11 650 cal. BP), avec la période du Préboréal. On entre véritablement dans notre interglaciaire. Les forêts de pins se développent, lentement envahies pas les essences mésothermophiles (noisetiers, chênes, ormes).

Autre phénomène intéressant, le Sahara connaît une période d’humidité relative entre 9000 et 6000 BP, permettant le développement de civilisations pastorales." (É. G.)

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texte d'après l'excellent et didactique ouvrage de Jean-Pierre Mohen & Yvette Taborin, 1998 : pages 44-46
J.-P. Mohen est directeur du laboratoire de recherche des musées de France. Y. Taborin est professeur à l'Université de Paris I

sauf les citations en italique qui proviennent de l'excellent Cours de Paléoclimatologie (module de Chrono-Écologie) d'Émilie Gauthier, palynologue, maître de conférence en archéologie et paléoenvironnement à Besançon (Université de Franche-Comté), ainsi que de ses communications personnelles.

 

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