Le site de Diring Yuriakh (sur la Lena, en Sibérie centrale, à 61° de latitude nord, à 140 km de Yakoutsk), découvert en 1982 par Youri A. Mochanov et son épouse Svetlana Fedoseeva, a été daté à environ 260 000 à 300 000 ans par Michael R. Waters (Texas A & M University) au moyen de la technique de la thermoluminescence, rendue indispensable par l'absence de matériel volcanique ou osseux sur le site, et possible car les sédiments sont bien d'origine éolienne. Waters a en fait daté le sable des couches supérieure et inférieure au niveau 5 qui contient 4 000 éclats et choppers, la plupart en quartzite, et a conclu que ces pierres sont comprises entre 260 000 et 370 000 ans, soit à la fin d'une période glaciaire ou au début d'un épisode interglaciaire, alors que le climat était encore rude. Mochanov avançait l'idée que ce climat froid était un facteur de l'évolution de l'Homme moderne. Les géologues de son équipe avaient conclu que le site datait de 1,8 à 3,2 millions d'années. Jusqu'à présent la plupart des chercheurs pensaient que la Sibérie ne fut occupée que depuis 30 000 ans, et ces pierres étaient datées de 15 000 ans. Mochanov a découvert plus d'une douzaine d'autres sites sur la Lena comprenant des outils semblables.

Contrairement à Waters, Richard Klein (Stanford University) soutient que ces pierres ne sont pas d'origine humaine mais ont pu être façonnées par un processus naturel comme le courant de l'eau ou le gel. Waters rétorque que certains éclats présentent pourtant des plans de frappe et des bulbes de percussion. L'examen au microscope des stries observables sur les pierres, et la comparaison avec des pierres voisines d'origine naturelle, devrait déterminer si ces objets sont bien des artefacts, mais Klein estime que leur surface est trop abrasée pour pouvoir conclure.

Une technique expérimentale fut développée pour dater en thermoluminescence des grains de quartz prélevés au sein même des artefacts en quartzite : ceux de Diring Yuriakh furent estimés âgés de plus de 74 000 ans.

La technique de la thermoluminescence avait également donné une date controversée de 110 000 ans pour le site australien de Jinmium, soit deux fois plus que l'âge retenu habituellement pour la colonisation de ce continent.

d'après Andrew L. Slayman, Don Alan Hall, W. Jack Rink et Michael Phillip Richards

Bibliographie :

Ackerman, R. E. and Roy L. Carlson, 1991. "Diring Yuriak : An Early Paleolithic Site in Yakutia". Current Research in the Pleistocene 8 : 1-2.

Clarke, M.L., 1996. "IRSL dating of sands : bleaching characteristics at deposition using single aliquots". Radiation Measurements 26 : 611-620.

Gibbons, A. 1997. "Doubts over spectacular dates". Science 278 : 220-222.

Mochanov, Yuri A. 1993 "The Most Ancient Paleolithic of the Diring and the Problem of a Nontropical Origin for Humanity". Arctic Anthropology 30 : 22-53.

Waters, M.R., Forman, S.L. and Pierson, J.M. 1997. "Diring Yuriakh: a Lower Paleolithic Site in Central Siberia". Science 275 : 1281-1284.

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