Les fouilles dirigées par le paléontologue Jean-Luc Guadelli et le préhistorien Nikolay Sirakov dans la grotte de Kozarnika (Orechets, nord-ouest de la Bulgarie) ont permis la découverte des restes humains les plus vieux d'Europe après ceux de Géorgie, ainsi que la mise au jour des plus anciens témoins européens d'une activité symbolique.

Les niveaux les plus anciens (1,1 à 1,4 Ma) contenaient des éclats de silex taillé, une molaire humaine et un fragment de crâne d'une dizaine de centimètres, attribué par Anne-Marie Tillier et Patrice Courtaud au genre Homo. Ces niveaux de Kozarnika sont contemporains des sites de Fuente Nueva 3 et Barranco Leon 5 (1 Ma ; près de Orce, en Andalousie) et Le Vallonnet (0,9 à 1 Ma ; France), qui ne comprennent pas de restes humains.

La grotte bulgare a également révélé deux os animaux qui datent de 1,2 à 1,4 Ma et qui présentent des encoches apparemment faites par l'homme : une portion de tibia de boviné de 8 cm de long comportant 3 séries (plus 1 incomplète) de 4 traits gravés parallèles entre eux, et une portion d'os de cervidé dont le bord porte une série de 27 traits réguliers. La position et la précision des traits ne permettent pas de les considérer comme des marques de dépeçage : cet endroit de l'animal n'est en effet jamais découpé, et les coups d'un boucher ne laisseraient pas des traces aussi précises. Leur régularité évoque cependant une intervention humaine. "Tout en restant prudents, nous serions en présence de la plus ancienne trace d'activité symbolique dans cette partie du monde" avance Jean-Luc Guadelli (CNRS et Université de Bordeaux).

Les espèces humaines antérieures à la nôtre étaient-elles capables de développer une activité symbolique ? Paul Bahn pense que l'art est certainement le fruit d'une longue évolution et qu'il n'y a aucune raison de croire qu'il soit apparu à la suite d'une mutation génétique.