masque

Après sa découverte en 1975, cet objet "pas ordinaire" est étudié puis rangé sous l'étiquette "objet énigmatique" parmi les témoins non techniques du musée du Grand-Pressigny. Lorsque Michel Lorblanchet se rend au musée 20 ans plus tard, il interprète l'assemblage comme étant une protofigurine issue de l'art néandertalien. Mais selon Francesco d'Errico (CNRS), "il est possible de considérer l'objet comme un poids ayant peut-être été utilisé pour fixer une tente, l'os enfoncé dans le trou facilitant la fixation d'une corde". L'archéologue, qui attribue de possibles capacités symboliques aux Néandertaliens, reste sceptique quant au caractère artistique de l'objet.
(d'après Nicoud, janvier 2004 ; résumé par Paul Tréhin dans Palanth, 5 mars 2004)

LE "MASQUE" MOUSTÉRIEN DE
LA ROCHE-COTARD
À LANGEAIS (INDRE-ET-LOIRE)

Jean-Claude MARQUET
Conservateur du musée départemental de Préhistoire du Grand-Pressigny (Indre-et-Loire)

Michel LORBLANCHET
Directeur de Recherche au CNRS.
Roc des Monges, Saint-Sozy

in Paléo n°12 : pp 325-338 (2000) &
Antiquity 77, n°298 : pp 661-670 (2003)

Cette protofigurine est un silex retouché par des Moustériens pour accentuer l'apparence de visage qu'offrait la pierre.
(cliquez sur la photo)

Le site de la Roche-Cotard a été découvert au début du XXe siècle mais le niveau moustérien (La Roche-Cotard II), situé devant l'ouverture de la grotte, n'est connu que depuis 25 ans. Dans ce niveau d'habitation a été découvert en 1975 un objet indubitablement préparé par l'Homme : c'est un silex plat possédant un trou naturel dans lequel est placée une petite esquille d'os. Cet objet qui fait penser à un masque ou une face humaine ou animale, peut-être un félin, est un témoin exceptionnel du lent cheminement de l'humanité vers l'avènement de l'art figuré.

Ce niveau moustérien contenait quelques rares outils et des fragments d'os. Il est daté d'il y a 32 100 ans, et donc contemporain de l'Aurignacien.

Le "Masque" consiste en un petit silex plat d'environ 10 cm X 10 cm qui a été modifié pour accentuer sa ressemblance avec un visage :
(1) un petit éclat d'os de 7,5 cm de long a été inséré dans un orifice naturel du silex pour représenter les yeux puis a été calé par deux petits éclats de silex ;
(2) le silex a ensuite été retouché pour obtenir une symétrie : ont été modifiés le front, les joues et l'extrémité du nez.

Le "Masque" est considéré comme une "proto-figurine", l'un des prémices vers l'art du Paléolithique supérieur. C'est un objet exceptionnel car la culture moustérienne n'est pas connue pour donner ce type de production artistique. Si la civilisation moustérienne est bien comme on le croit spécifique de l'Homme de Neandertal en Europe, le "Masque" donne ainsi à penser que les Néandertaliens étaient capables d'une production artistique plus évoluée que ce que l'on soupçonnait jusqu'à présent.

• LORBLANCHET M., La Naissance de l'art. Genèse de l’art préhistorique. Errance, 1999 : pages 133 et 144.
• MARQUET J.-C., LORBLANCHET M.,"Le "Masque" moustérien de La Roche-Cotard, Langeais (Indre-et-Loire)". Paléo n°12 : pages 325-338 (2000).
• MARQUET J.-C., LORBLANCHET M., "A neanderthal face ? The protofigurine from La Roche-Cotard, Langeais (Indre-et-Loire, France)". Antiquity, volume 77, n°298, décembre 2003 : pages 661-670.
• PETTITT P. B., "Is this the infancy of art ? Or the art of an infant ? A possible Neanderthal face from La Roche-Cotard, France" Before Farming 2003/4 (11).
• NICOUD Laurence, "L'art néandertalien : réalité et énigme". Archéologia, Janvier 2004.

voir aussi :
• cybersciences.com
• hominidés.com
• hominids.com
• prehistoricarchaeology
• Antiquity
et les commentaires de P. B. Pettitt