Un homme ithyphallique à tête d'oiseau, près d'un oiseau sur un pieu, (+ la représentation d'un propulseur ?), face à un bison éventré qui le charge. Aujoulat note la ressemblance entre la tête de l'homme et celle de l'oiseau. Zaffreya remarque que cet homme "blessé" ne présente en fait aucune blessure.

Il s'agit d'une des rares scènes de l'art paléolithique, peinte au fond d'un puits de plus de 5 m de profondeur, endroit le plus secret de la grotte dans lequel on ne pouvait descendre naturellement.


Solutréen / Magdalénien.
18600 BP.
Photo N. Aujoulat, CNP-Ministère de la Culture.

Page précédente
Scène du Puits (Grotte de Lascaux)
commentaires ci-dessous

Le Puits avait déjà donné deux dates (des charbons de bois). En 1998, un fragment de sagaie en bois de renne découvert par Breuil et Blanc au pied de la Scène du Puits a donné un âge de 18600 ± 190 BP, à la limite du Solutréen supérieur et du Badegoulien.

L'analyse formelle entreprise par Norbert Aujoulat en comparant la morphologie des contours animaux lui permet de conclure que Lascaux est solutréen. Il associe par exemple la Scène du Puits (qui oppose un homme et un bison) à la scène opposant un homme et un bœuf musqué (ovibos) dans l'Abri du Roc-de-Sers (Charente) datant du Solutréen supérieur.

Mais Lascaux et Roc-de-Sers présentent deux autres points communs : le thème, rare, de l'oiseau, et la représentation des bouquetins affrontés.

Quant au couple homme-bison, Aujoulat le retrouve dans plusieurs autres sites de la fin du Solutréen et du Magdalénien ancien : Saint-Cirq, Bara-Bahau (bison + phallus), Gabillou (l'homme-bison), Villars. (Lascaux, Gabillou et Bara-Bahau ont également en commun le signe quadrangulaire ; Villars contient aussi un homme blessé.) Aujoulat note que Lascaux et ces quatre sites "se situent dans des paysages similaires, au flanc de collines à pentes lissées", contrairement aux sites du Magdalénien moyen. Le choix de la géographie et celui des thèmes permettent de réunir ces cinq sites dans un même ensemble culturel et donc sans doute temporel.

Michel Jouvet, spécialiste du sommeil, suppose que le personnage en érection est en train de rêver, car c'est durant le sommeil paradoxal, phase des rêves, que surviennent des érections involontaires. Il est possible qu'il rêve à une partie de chasse. L'hypothèse du rêve peut expliquer l'association des éléments disparates de la Scène : un oiseau, un homme, un bison, un rhinocéros et, sur la paroi opposée, un cheval. Toutes ces figures ont été réalisées avec un pigment noir.

L'étude de ce pigment noir au microscope électronique à balayage a montré qu'il est constitué d’oxyde de manganèse riche en baryum."Le pigment, sans ajout de charge, fut simplement préparé par broyage et addition d’eau, afin d’obtenir une matière suffisamment liquide pour un dépôt au pinceau ou par pulvérisation." Les pigments du rhinocéros ressemblent à de fines aiguilles de 5 µm ou plus de longueur, alors que pour les autres éléments de la Scène (l’oiseau, le bison, l’homme et le cheval de la paroi d'en face) les pigments prennent la forme de feuillets de moins de 2 µm.

La couche de pigments est épaisse de 170 µm au niveau du rhinocéros, tandis que pour le cheval la couche d’oxyde de manganèse est très fine (moins de 40 µm).

En dehors du rhinocéros, tous les autres sujets de la Scène, y compris le cheval, ont donc été réalisés avec la même préparation et dans le même temps.