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PALÉOPATHOLOGIE |
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bonjour, Je m'appelle Kévin, j'ai 10 ans ; il me faut pour l'école faire un exposé sur les maladies de la préhistoire. Je suis allé sur internet mais il y a tellement de sites que je n'arrive pas à savoir quelles sont les maladies. Pourriez-vous m'aider ? merci beaucoup |
![]() Kabwe (Zambie) Homo sapiens archaïque ancien (ou Homo heidelbergensis) : Le crâne BH 1 présente des lésions dentaires (imputées à des caries ou à une intoxication chronique par le plomb dont les stigmates sont également notés dans le fémur E 793) et une lésion de l'écaille temporale d'origine infectieuse plutôt que traumatique (une blessure à cet endroit serait mortelle, or cette perforation s'est cicatrisée). |
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Bonjour Kévin, La science
qui étudie les maladies d'avant est la paléopathologie. adresse : ma.prehistoire@free.fr |
![]() Shanidar 1, Homme de Neandertal (Iraq) : il présente une fracture du plancher de l'orbite gauche, une atrophie du membre supérieur droit et une dégénérescence de l'extrémité du membre inférieur droit. |
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Saint-Césaire (Charente-Maritime,
France) : encore un Néandertalien. En
jaune : les os retrouvés. En blanc : les os manquants. La reconstitution
numérique de ce crâne a permis à Christof Zollikofer
de mettre en évidence une fracture de 68 mm (entre les flèches).
La forme de l'impact indique qu'elle fut causée par un coup volontaire
porté de haut en bas à l'aide d'un outil tranchant. La blessure
a cicatrisé et le blessé a survécu, au moins quelques
mois. Il s'agit du seul exemple de violence volontaire de tout le Paléolithique.
(PNAS, 99, 2002 : 6444)
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![]() Sangiran (Java) : jeune Homo erectus (500 000 ans). La fracture de la mandibule a cicatrisé en mauvaise position. Le blessé n'a pas pu mâcher pendant la période de cicatrisation : il n'a pu survivre qu'en se nourrissant de bouillie : a-t-il bénéficié de la solidarité de ses semblables ? |
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* L'Homme de Tautavel Arago XXI (Homo heidelbergensis), mort à l'âge de 20 ou 21 ans, a subi l'avulsion dentaire traumatique de la première prémolaire supérieure droite, 4 ou 5 ans avant son décès. * L'os pariétal d'un enfant de 9 ans découvert dans la grotte du Lazaret (Nice) et datant de 120 000 à 140 000 ans comporte l'empreinte d'une lésion, sans doute un méningiome, une tumeur qui a peut-être été la cause de la mort de l'enfant. * A La Chapelle-aux-Saints, un Néandertalien présente une subluxation congénitale de la hanche gauche, une cervicarthrose et une fracture costale avec un cal récent : l'individu est certainement mort d'un traumatisme thoracique. * Les Néandertaliens de La Ferrassie ont subi des rhumatismes, des fractures, des déformations et des infections : le sujet de sexe masculin présente une arthropathie de l'articulation sacro-iliaque gauche (bassin), un traumatisme du grand trochanter droit (fémur) et de l'articulation radio-cubitale supérieure droite (fracture du coude) ; l'individu féminin a un genu valgum et a été atteint d'une ostéomyélite (infection de l'os) du péroné droit dans son enfance. * Un Néandertalien de Bau de l'Aubesier (Vaucluse, 180 000 ans) souffrait d'infections ayant déchaussé ses dents au point qu'il ne pouvait que se nourrir de bouillie. * L'étude comparative des dents des Néandertaliens et des Hommes modernes a permis à Erik Trinkaus de conclure que 75% des Hommes de Neandertal possédaient un émail mince, indice de carences alimentaires, alors que seuls 30% des Homo sapiens avaient un émail aminci. Faux, répond Jean-Louis Heim, qui précise que s'ils avaient souffert de telles carences alimentaires, les Néandertaliens auraient disparu bien plus tôt. * Les fossiles d'Hommes modernes ne présentent pas de signe de grave carence alimentaire. Il n'y a par exemple pas de rachitisme. On note des stigmates d'arthrose et d'entorse. Une femme qui possède deux dents surnuméraires au niveau du maxillaire supérieur a souffert d'un abcès de la racine de la première molaire droite ayant évolué en ostéite (infection de l'os). Elle a dû également se plaindre d'un sacrum asymétrique et d'une scoliose. |
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Les Néandertaliens Shanidar 3 et 5 et la Néandertalienne de La Quina présentent également des pathologies, de même que les Hommes modernes suivants : l'enfant Skhül 1, le quadragénaire Skhül 9, Qafzeh 11 qui a une lésion osseuse, Dolní Vêstonice XV et XVI, Les Cottés et Cro-Magnon 2. | ||||||
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L'aimable
contribution de Zaf me permet d'ajouter parmi les rares blessures
connues du Paléolithique celle qui fut responsable de la mort d'une
jeune fille de Grimaldi, dont le squelette porte une pointe de silex
dans la colonne vertébrale. Médecin et amateur de préhistoire
de longue date, Zaf estime que les Paléolithiques étaient
probablement beaucoup plus pacifiques que ce que nous le pensons à
priori. Grâce à son érudition j'apprends que la cause
du décès de l'Homme de Cro-Magnon est connue depuis
1981 : il s'agit non pas d'une actinomycose comme on le supposait jusqu'alors,
mais d'un granulome éosinophile développé dans le
cadre d'une histocytose X (passer la souris sur la photo ci-contre). Des
lésions radiologiques caractéristiques ont été
mises en évidence sur le crâne, la mandibule, le fémur
et les côtes. Concernant les allergies,
Zaf signale avec justesse que des produits tout à fait naturels
comme les pollens induisent des allergies, et que l'on peut également
penser qu'à l'époque les fourrures devaient être à
l'origine d'un certain nombre de sensibilisations. Mais je pense qu'il
est cependant possible que les allergies soient plus fréquentes
de nos jours parce que les progrès de l'hygiène et de la
médecine ont diminué le nombre de microbes : notre système
immunitaire n'aurait plus assez d'antigènes à "se mettre
sous la dent" et son fonctionnement en serait modifié, provoquant
les allergies. Selon cette hypothèse, il y aurait moins d'allergies
dans les cultures "naturelles" (préhistoire,
mais aussi peuples non urbanisés) que dans nos sociétés
aseptisées. L'apparition de nouveaux antigènes (produits
étrangers ; produits artificiels) serait également un facteur
d'apparition d'allergies. Concernant les caries
et les blessures légères, Zaf estime qu'elles n'étaient
pas souvent mortelles. A sa connaissance personne n'est jamais mort d'une
carie. Il ajoute avec lucidité que les caries, si elles n'étaient
pas inconnues, étaient assez rares en raison de l'absence de sucre
dans l'alimentation qui nécessitait une mastication énergique.
Pour Sophie de Beaune, il n'y aurait pas de carie au Paléolithique.
Les blessures, quand elles étaient légères (ou moyennement
graves), ne devaient pas non plus selon Zaf poser de gros soucis : les
antibiotiques étaient certes inconnus mais "les Paléolithiques
avaient, comme beaucoup de primitifs actuels, des capacités de
défense inimaginables pour les peuples sur-protégés
dont nous faisons partie". Zaf avance les exemples, entre autres,
"de la cicatrisation des trépanations néolithiques
et la survie de l'homme de Saint-Césaire à une blessure
qui a ouvert le cuir chevelu, fracturé la boite crânienne
et certainement déchiré les méninges". Mais
bien sûr une blessure, quand elle était gravement infecté,
présentait un risque nettement plus important d'être mortelle
que de nos jours. Zaf ajoute que les cas attestés de survie
prolongée après de graves blessures impliquent une solidarité
active et probablement aussi l'existence d'un langage.
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La
mortalité infantile devait être très élevée,
la rigueur du climat ne permettant la survie que des enfants nés
au printemps ou au début de l'été. Ce cas s'observe
encore dans quelques groupes isolés du Haut Himalaya. Zaf |
Yves Coppens signale la tuberculose osseuse, l'arthrose, la lèpre et la syphilis non vénérienne parmi les pathologies humaines de la préhistoire (conférence au Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, 8 octobre 2000). |
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Les Hommes du Paléolithique atteignaient-ils la cinquantaine ? |
Sophie A. de BEAUNE (1995) Les hommes au temps de Lascaux. Hachette : p. 140-145. Jean DASTUGUE & Véronique GERVAIS (1992) Paléopathologie du squelette humain. Boubée. Pierre THILLAUD (1996) Paléopathologie humaine. Kronos B.Y. |
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