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Herto (Éthiopie)

Ndutu
Bodo
Eyasi
KNM - ER 3884
Hopefield
Kabwe
Salé

LH 18
Omo 2
Eliye Springs 11693
Florisbad
Jebel Irhoud 1

Herto

Omo 1
Mumba XXI
Klasies River Mouth
Border Cave
Equus Cave
Die Kelders Cave
Jebel Irhoud 2

Les premiers Homo sapiens sont africains. Parmi les plus anciens figure celui de Herto qui a 160 000 ans.

L’équipe de Tim White a mis au jour en 1997 deux crânes d’adultes et celui d’un enfant âgé de six ou sept ans, près du village de Herto, dans la dépression de l’Afar (Est de l'Éthiopie).

Ils présentent des caractéristiques d’Hommes modernes tout en partageant certains traits d'Homo sapiens archaïques. Ils comblent ainsi la lacune entre ces derniers et les Hommes totalement modernes d'il y a 100 000 ans. Il s’agit donc d’un Homo sapiens archaïque. En comparaison avec les nôtres, les crânes de Herto sont légèrement plus larges et plus longs. Ces différences mineures ont incité les chercheurs à identifier les nouveaux venus comme une sous-espèce d'Homo sapiens qu'ils ont nommée Homo sapiens idaltu, 'idaltu' signifiant "aîné" dans la langue afar.

Les paléontologues ont mis six ans pour reconstituer les crânes, notamment celui de l'enfant, un puzzle de 180 morceaux, et pour dater par la méthode Argon les restes retrouvés. Cette étude a permis de dater les ossements entre 154 000 et 160 000 années, alors que jusqu'alors les plus vieux fossiles d'Homo sapiens en Afrique n'avaient "que" 100 000 ans ! Des fossiles d’Homo sapiens de cette période, surtout en si bon état, faisaient défaut aux anthropologues. Les trois crânes d’Herto constituent donc un apport précieux pour mieux comprendre comment cet Homme moderne a émergé.

Auparavant, les fossiles d’Homo sapiens les plus complets et les plus sûrement datés (115.000 ans environ) avaient été découverts hors d'Afrique, en Israël (Skhul et Qafzeh). Les crânes de Herto comblent donc un vide pour les anthropologues, et renforcent les partisans de la théorie « Out of Africa » selon laquelle les ancêtres de l’Homme moderne sont issus d’Afrique.

Les fossiles humains étaient associés à des outils lithiques, à des ossements de buffle et au crâne d'un hippopotame.

Les trois crânes humains portent des traces d’entailles, mais également de polissage évoquant plus des pratiques mortuaires que du simple cannibalisme.

Photos : BOU-VP-16/1, le spécimen le plus complet d’Homo sapiens idaltu. (Tim White)

BOU-VP-16/1 : crâne adulte masculin presque complet. Large et robuste, avec une capacité crânienne de 1450 cm3, supérieure à celle de la plupart des Hommes modernes. Vu de côté : crâne long et haut. Caractères presque modernes : angle occipital (plus aigu que celui de presque tous les hommes modernes), hauteur de la mastoïde, largeur du palais. Vu de dessus : la longueur du crâne dépasse celle de l'Homme moderne, mais l'une des largeurs est inférieure à la moyenne moderne. L'arcade sourcilière n'est pas proéminente, et demeure à l'intérieur des normes modernes. Pas de fosse sus-iniaque. Pas de chignon occipital. Torus occipital massif.

BOU-VP-16/2 : fragments d'un crâne adulte, plus large et plus robuste que le précédent.

BOU-VP-16/5 : enfant. Crâne moins complet que BOU-VP-16/1.

 

Stringer estime que les caractères des crânes de Herto ne diffèrent pas suffisamment de ceux de l'Homme moderne pour justifier la création d'une nouvelle sous-espèce. Selon Chris Stringer, Herto est le plus ancien Homme moderne actuellement connu.

Les fossiles de Herto Bouri (dans le membre Herto de la formation Bouri, au niveau de la vallée moyenne de l'Awash) constituent un intermédiaire anatomique et chronologique entre les Homo sapiens archaïques anciens et les Hommes modernes. Pour White, il est probable que Homo rhodesiensis (Homo sapiens archaïque ancien : Bodo, Kabwe) soit l'ancêtre de Homo sapiens idaltu (Herto), qui serait lui-même à l'origine de Homo sapiens sapiens (l'Homme moderne : Klasies et Qafzeh pour les plus anciens). Quant aux Homo sapiens archaïques récents (Ngaloba, Omo 2, Eliye Springs, Jebel Irhoud), White avoue avoir du mal à établir leur place dans notre arbre généalogique, et Stringer se demande, devant leur grande variabilité anatomique, si l'Homme moderne est apparu graduellement ou s'il faut envisager une version africaine du multirégionalisme.

Deux ans après la publication de la découverte de Herto, une nouvelle datation est proposée en 2005 pour les deux crânes de Omo qui deviendraient ainsi les plus anciens Homo sapiens.

BOU-VP-16/3, /4, /7, /18 et /43 : fragments de pariétal

BOU-VP-16/6 et /42 : dents