La
grotte
du Pech-Merle ne fut jamais un habitat. Selon Michel Lorblanchet,
sa fréquentation fut épisodique et très peu importante,
pendant de courtes visites séparées par de longues périodes
d'absence. Les analyses de pollens mettent en évidence trois passages
humains. Les études stylistiques confirment ces données puisqu'elles
permettent à M. Lorblanchet* de distinguer trois phases artistiques
:
- une phase archaïque,
ou Pech-Merle I, qui comprend la galerie du Combel, le célèbre
panneau des chevaux
ponctués, les mains négatives, les signes rectangulaires,
les ponctuations et des tracés digitaux (vers 25000-24000 BP).
- une phase moyenne, ou Pech-Merle II, concernant la Frise Noire, les
dessins noirs, les figures humaines dont celle
de l'homme blessé (1), les signes
de type Placard et des tracés digitaux. Cette phase
est contemporaine de Cougnac (vers 21000-18000 BP).
- une phase récente, ou phase des gravures, comprenant les gravures
de la Cascade et de la galerie de l'Ours (sans doute du Magdalénien,
vers 14000-13000 BP).
Les chercheurs ont démontré que s'il a suffi de quelques heures
pour peindre la Frise Noire, plusieurs jours furent nécessaires pour
les chevaux ponctués.
Pour Marcel Otte, "les figures humaines apparaissent dans cet art pariétal [paléolithique] sous une forme évanescente. Réduites, discrètes, masquées, elles sont méconnaissables et piteuses. Ce petit homme peint, à peine esquissé, semble lardé de traits. Son visage (2) évoque un profil d'oiseau, association animale que l'on retrouve régulièrement comme dans la scène du puits à Lascaux où l'anthropoïde (3) est aussi en mauvaise posture. Ici, un signe en cheminée ou en soucoupe volante vient s'accrocher à sa tête comme pour y donner un sens de plus. Cette forme géométrique élaborée se retrouve dans quelques sites de la même époque parfois en combinaisons graphiques bien plus complexes. Il démontre donc l'existence de codes, largement diffusés, parfaitement compris et à signification modulable selon les situations et les agencements."
Pour Lucette Koltes, l'homme blessé serait un être anthropozoomorphe (être composite) à l'instar de ceux de Chauvet, Höhlenstein-Stadel, Gabillou, Lascaux et des Trois-Frères. Selon elle, il associerait la tête et les membres supérieurs d'un nourrisson ou d'un enfant aux membres postérieurs et la queue d'un animal. Elle remarque que certains des "traits" situés à l'avant du personnage ne semblent pas le traverser mais paraissent dessiner des ailes factices dont il serait affublé. La tête de l'homme blessé ne constitue en effet que 20% de sa hauteur totale, ce qui correspond aux proportions d'un enfant de 5 ans, et les membres supérieurs sont effectivement trop courts pour appartenir à un adulte.
La disposition du signe de type Placard à la partie supérieure du dessin évoque un oiseau ou une soucoupe volante : il est à noter que la figuration réaliste d'oiseaux est un thème rare dans l'art paléolithique ; enfin, un peu (plus) d'imagination pourrait expliquer la macrocéphalie relative de l'homme blessé en le comparant à un occupant casqué de la soucoupe volante...
Les Paléolithiques ont-ils choisi les grottes à orner au hasard ? Michel Lorblanchet eut en tout cas beaucoup de mal à trouver dans le Quercy une grotte présentant les conditions requises pour qu'il puisse reproduire la Frise Noire selon les techniques des gens du Pech-Merle. D'évidence ces derniers ont soit choisi cette grotte avec soin soit l'ont utilisé au mieux après une découverte fortuite. La majestuosité de ces lieux souterrains nous incite à imaginer qu'ils ne furent pas choisis au hasard. Leur imposante sérénité en fait une des grottes qu'il faut connaître. Par bonheur, sa visite est ouverte au public.